Terres de Seine : une terre de tous les patrimoines,
accessible en train – et demain, avec le RER E !

La deuxième promenade de gare en gare du Club Eole Vallée de Seine s’est déroulée samedi 29 juin, entre Epône-Mézières et Mantes-Station.

Quelques souvenirs et leçons tirées de cette expérience réussie….

 

Samedi 29 juin, au matin vers 07h30… les participants parisiens se préparent à partir de chez eux… les prévisions météo sont au gris, voire à la pluie… Tant pis, l’engagement est pris et le train part de la gare Saint Lazare à 08h46 !

Les participants qui vivent sur le territoire des Terres de Seine ont, eux, encore un peu le temps… et ils voient déjà le soleil briller… ce sera short et tee-shirt, assurément ! Avec un coupe-vent par précaution car en effet, la météo prévoit quelques ondées dans l’après-midi…

09h33, le train depuis Paris et Poissy arrive en gare d’Epône-Mézières. Ceux qui viennent de Mantes sont déjà là depuis quelques minutes. Retrouvailles, découverte, et nous partons en direction du parc du château d’Epône !

 

Un début de journée historique

Ce n’est pas très loin (3km environ), mais cela grimpe un peu. Mais l’itinéraire mis en place par la Mairie d’Epône[1] permet de commencer la découverte de ce village chargé d’histoire.

Quelques minutes et panneaux explicatifs plus tard, nous voilà déjà devant l’église Saint Béat : une église romane du milieu du XIe siècle, inscrite et classée « Monument historique ».

Et il est temps de continuer notre progression vers les hauteurs, jusqu’à la médiathèque et au parc du Château, devant lequel nous retrouvons avec bonheur Catherine Chauvelier, notre guide locale, administratrice de Terres de Seine, l’office de tourisme Intercommunal.

Nous avions eu le plaisir de faire sa connaissance à l’occasion de la première promenade, le 1er octobre, lorsqu’elle nous avait narré l’histoire de la « plage de Paris », à Aubergenville.

Et à nouveau, nous bénéficions de son immense culture historique et locale, qui enrichit nos premières découvertes. Car Epône est une ville dont les origines remontent au moins à la période gallo-romaine – la cité était alors implantée près de la Seine (et du site de la gare), à l’endroit de la zone d’activités actuelle.

Mais cette proximité de cet axe de circulation et d’échanges commerciaux (la Seine, pas encore la voie ferrée !) était aussi une faiblesse au regard des envahisseurs vikings qui remontaient la Seine depuis la Normandie voisine…

Il fut donc décidé de déplacer la ville sur des hauteurs protectrices, et de l’entourer d’une muraille qui l’était aussi…

Catherine nous a donc aussi narré l’histoire du château et de la famille de Séchelles… Un château malheureusement disparu lors de la débâcle de l’armée allemande, en août 1944, qui le dynamita… Il n’en reste désormais que l’escalier, mais aussi les communs, aujourd’hui réaménagés. Mais le site conserve le souvenir de la rédaction, en ses murs, de la Constitution de l’An II. Et le temple de l’Amitié, dit aussi « de David », demeure depuis sa construction en 1778, pour célébrer la signature du traité d’Alliance entre la France et les Etats-Unis. Le parc du château d’Epône, un lieu symbolique, donc, qui accueille toujours la reproduction d’une des fameuses bornes de la Voie de la Liberté – qui commémore l’itinéraire de l’armée du général Patton, à l’été 1944.

A l’écoute de Catherine Chauvelier, merveilleuse guide locale, administratrice de Terres de Seine, l’office de tourisme intercommunal.

Sur la pelouse, la borne de la Voie de la Liberté.

Et si vous n’avez pas la chance du récit complet, vous pourrez malgré tout trouver quelques informations utiles sur l’histoire du lieu.

Le temple de David

Un parcours de découverte, sur les hauteurs et sous les étoiles

Il est donc environ 10h30 quand, sous un grand soleil, nous engageons la découverte du parcours « PAPSE » inauguré quelques semaines plus tôt.

Les Papse, ce sont des Parcours d’Activités Physiques et Sportives Etalonnés.

Etalonné pour faciliter les différentes pratiques sportives (course, marche, VTT…), le parcours d’Epone[2]propose deux distances au départ du parc du Château : 4,2 km ou 10,1 km.

Alors, parce que notre journée ne fait que commencer, nous avons choisi le petit parcours… qui permet aussi de découvrir le « chemin aux Etoiles »[3], une autre réalisation de la Mairie d’Epône visant à encourager la découverte active du territoire.

Une occasion de découvrir, sur les hauteurs, d’une des évolutions du territoire évoquée par Catherine Chauvelier. Epône était historiquement un site réputé pour sa vigne. Mais avec le phyloxera à la fin du XIXe siècle, la production se tourna vers le maraîchage et les cultures arboricoles, comme ces cerisiers qui suscitèrent, à distance de sécurité, la gourmandise de nos promeneurs.

Et ce parcours fut aussi une magnifique opportunité de mieux découvrir ce territoire, à la croisée de la vallée de la Seine et celle de la Mauldre, vers le sud des Yvelines.

Et puisque nous avions marché d’un bon pas, le déjeuner prévu dans le parc du Château fut reporté à plus tard… En route donc pour la deuxième étape de notre promenade, vers Mantes-la-Jolie, en repassant par la gare d’Epône…

 

L’accessibilité des zones d’activités, pour les piétons aussi ?

Mais avant d’engager cet itinéraire de liaison, et parce que notre Club a vocation à promouvoir les atouts touristiques et culturels, mais aussi économiques de notre territoire, notre itinéraire passait par la découverte de la zone d’activités de la Couronne des Prés, implantée à quelques minutes de la gare…

Une zone d’activités qui accueille des activités très diverses : de la production et des services, y compris aux habitants… Mais qui, du point de vue du piéton, pourrait encore gagner à l’accessibilité pédestre. Car depuis la gare, il ne faut que quelques minutes pour accéder au rond-point qui donne accès à la zone d’activité… mais, à partir du rond-point, les « trottoirs » réduits à leur plus simple expression, et peu sécurisants.

Et depuis le centre bourg d’Epône, c’est encore plus difficile et frustrant… et ceci d’autant qu’il faut passer par cet unique point d’accès qu’est le rond-point. Alors qu’avec un passage piéton et une passerelle, peut-être, il serait plus facile pour les habitants d’accéder rapidement, et en toute sécurité, aux entreprises de la zone d’activités.

Car l’accessibilité des entreprises est, comme pour beaucoup d’autres sites d’activité du territoire, un axe de progrès dans la perspective de l’arrivée du RER E. Par définition, les employés et visiteurs venus en train n’ont pas de voiture. Et si une zone d’activité bénéficie de la proximité de la gare pour son attractivité, il faut aussi penser au « dernier kilomètre » : celui que l’on réalise à pied, et qui doit être parcouru en toute sécurité.

Vers Mantes, à la découverte des réalisations ingénieriales

Après cette courte visite, il est désormais temps de franchir la passerelle de la gare d’Epône-Mézières et de diriger nos pas vers Mantes-la-Jolie.

Nous empruntons alors un itinéraire champêtre, entre voie ferré et autoroute… en toute sécurité, précisons-le !

Car en raison des infrastructures routières, il n’est pas possible de poursuivre le long de la Seine, par le chemin qui vient d’Aubergenville.

Mais c’est une occasion de voir se croiser devant nous, pour notre plus grande surprise, un TER et un TGV ! Alors, opération de communication de promoteurs d’un hypothétique projet de TGV normand, fantôme de l’ancienne liaison TGV entre Le Havre et Strasbourg, remise en service des rames TGV qui avaient permis de réaliser les liaisons Paris – Rouen – Le Havre avant l’arrivée des nouveaux matériels Bombardier ? Ou bien une expérimentation des circulations vers les futurs ateliers de maintenance de Mantes-la-Jolie, qui accueilleront les RER E ? C’est, à l’heure où nous écrivons ces lignes, encore un mystère pour nous !

Et cet itinéraire nous donne aussi l’occasion de découvrir les formidables réalisations des ingénieurs qui ont réussi à faire cohabiter l’extension-rénovation de l’autoroute A13, du viaduc routier qui la porte, et la troisième voie ferrée, réalisée en bord de Seine pour fiabiliser les circulations du futur RER E et des « trains normands »… Et tout ceci juste en face de la très symbolique centrale thermique de Porcheville.

Que de réalisations ingénieriales réunies en un lieu !

Commençons par le viaduc de Guerville. Ceux qui utilisent encore la voiture, pour se rendre à Mantes ou plus loin, vers la Normandie, l’ont remarqué. Le viaduc qui permettait d’enjamber la colline a donné lieu à des travaux significatifs. Puisque, pour permettre la rénovation de ce viaduc construit dans les années 60 sans perturber les circulations, il a été décidé de construire un nouveau tablier, contigu aux deux existants[4]… Une réalisation qui imposait, naturellement, de ne pas interrompre les circulations ferroviaires – puisque le viaduc surplombe les voies…

Côté ferroviaire, le lieu est aussi important car, entre Epône-Mézières et Mantes-Station, une troisième voie a été réalisée, accolée aux deux existantes (qui ont profité d’une rénovation) et longeant la Seine[5] – ce qui a nécessité des travaux importants, tout en garantissant là encore la circulation des trains.

Et ces travaux ont pris en compte les mobilités douces, pour le plus grand plaisir des promeneurs mais aussi des cyclistes, en promenade ou pour se rendre au travail, car une voie a été aménagée pour prolonger le sentier venant de Mantes, et ceci donc jusqu’à Epône d’une part, et vers Aubergenville, le long de la Seine, d’autre part.

C’est d’ailleurs sur cette voie au bord de l’eau que nous poserons nos sacs, pour le repas, face à la centrale thermique et à l’entrée du port de Limay, sur l’autre rive.

Ah oui, la centrale ! Arrêtée en 2017, cette construction emblématique, qui conserve encore ses deux grandes cheminées (il y en avait quatre), était promise à la démolition.

A ce jour, cette déconstruction est toujours annoncée mais pour faire place, à l’initiative de EDF Renouvelable, à une ferme solaire[6]

Le trio de tête marche d’un bon pas, en direction du viaduc !

Quand les voies ferrées longent la Seine, et sont surplombées par le viaduc de Guerville… Les ingénieurs ont assurément fait du bon travail !

La centrale de Porcheville

L’entrée du port de Limay et, au loin, la Collégiale de Mantes-la-Jolie

En bordure de Seine : encore un effort, citoyens !

C’est donc après une pause revigorante que nous reprenons notre promenade en bord de Seine, en direction la Collégiale de Mantes-la-Jolie.

Quelle belle idée, donc, de faciliter le trajet du cycliste ou du randonneur pour cet itinéraire. Mais puisque l’idée de cette randonnée est de valoriser les atouts du territoire, appelons l’attention de tous sur une pratique plus que regrettable : le dépôt sauvage de déchets de chantiers, le plus souvent, sur cet itinéraire qui bénéficie pourtant de tous les atouts. Alors que faire ? Mettre en place des obstacles pour les véhicules, prévoir des services de nettoyage ? Et si tout cela était avant tout une question d’éducation et de respect ?

Cet itinéraire, sous un ciel qui commence à se couvrir, nous permettra d’arriver au centre historique de Mantes-la-Jolie, en passant par le port fluvial qui accueille régulièrement les croisiéristes, en contre-bas de la Collégiale.

Ce sera donc l’occasion d’une visite, pour une découverte ou redécouverte, de cette magnifique réalisation des XIIe et XIIIe siècle, dont les similitudes avec Notre-Dame de Paris ne sont pas un hasard[7].

Un patrimoine vivant

Après un café partagé dans Mantes-la-Jolie et le court orage prévu par les prévisions météo, ce sera le temps du trajet vers la gare de Mantes-Station, destination de notre randonnée qui tenait sa promesse des 20km réalisés…

Mais avec, avant de remonter dans le train qui nous ramenait à nos gares de départ, un crochet de quelques centaines de mètres pour passer devant les locaux – malheureusement fermés, mais c’était samedi – des deux fameux facteurs d’instruments Henri Selmer (pour les saxophones) et Buffet-Crampon (pour les clarinettes). Des entreprises aux talents d’exception, dont les clients sont des musiciens du monde entier. Une autre forme du patrimoine vivant et de l’activité économique, donc, à deux pas de la gare et donc facilement accessible en train !

Rendez-vous à la rentrée de septembre, pour notre troisième promenade, entre entreprises, patrimoine naturel et culturel, au départ de Mantes-la-Jolie cette fois !


Photos : Alexis Kummetat / Club Eole Vallée de Seine – Lisalbane Le Goadec / Terres de Seine

[1] Vous pouvez le télécharger sur le site de la Mairie : https://epone.fr/sites/epone/files/document/2020-06/parcours-epone-historique.pdf

[2] https://club-epone.fr/annonces/circuit-p-a-p-s-e/

[3] https://epone.fr/services-et-demarches/developpement-durable/nos-actions-vertueuses/chemin-aux-etoiles-balade-bucolique#:~:text=Le%20chemin%20aux%20étoiles%20est,bois%20de%20l’an%202000.

[4] https://www.groupe.sanef.com/fr/grands-chantiers/Guerville

[5] https://www.rer-eole.fr/actualite/entre-epone-mezieres-et-mantes-station-une-troisieme-voie-pour-plus-de-regularite/

[6] https://lagazette-yvelines.fr/2024/02/21/photovoltaique-energie-solaire-porcheville-gargenville/

[7] Les amateurs et les curieux pourront visualiser sur Arte le superbe documentaire réalisé sur les travaux préalables à la reconstruction de Notre-Dame, et dans lequel on trouvera l’explication de ces similitudes : https://www.arte.tv/fr/videos/103501-001-A/notre-dame-de-paris-le-chantier-du-siecle-1-3/